Mise à jour le 25 mars 2023
Envie de continuer vos études à l’étranger ? Ou de vivre au Québec ?
Dans cette interview, retrouvez Charlotte qui s’est installée dans la ville de Québec depuis 5 ans afin de réaliser un doctorat dans les sciences de l’éducation.
Vous allez découvrir comment s’est déroulée son arrivée Canada, à quoi ressemble sa vie de doctorante et toutes les particularités de vivre au Québec.
Écoutez tout de suite l’épisode (50 min) :
Sommaire
Épisode #080 sur l’expatriation universitaire de Charlotte au Québec
Les études sont un excellent moyen de vivre à l’étranger sur de longues périodes. J’ai moi-même fait un séjour Erasmus à Bratislava qui a transformé ma vie. Mais il est possible d’aller plus loin et de faire un doctorat à l’étranger pour y rester plusieurs années, c’est l’option choisie par notre invité du jour.
Charlotte a fait toutes ses études en France, a travaillé un peu à l’étranger et s’est lancée un peu par hasard dans l’aventure du doctorat. C’est à Québec ville qu’elle s’est installée pour le réaliser, en plus de faire des petits boulots à côté afin de profiter de cette nouvelle vie nord-américaine.
Dans cette interview, on discute de son départ de France, son installation compliquée au Québec, à quoi ressemble son quotidien, les différences ressenties entre les deux pays, les détails sur son doctorat, les questions de visas, ses jobs à côté doctorat, le cout de la vie et des conseils pour ceux que ce type d’études intéresse.
Les liens de l’épisode :
- Le blog de Charlotte : Feeducatif.com/
Comment écouter cet épisode ?
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Doctorante expatriée au Québec : Le résumé écrit de l’interview
Charlotte vit dans la ville de Québec, la capitale de la province du Québec au Canada, beaucoup plus petite que Montréal. Cela fait 5 ans et demi que Charlotte est à Québec, elle y fait un doctorat en science de l’éducation à l’université Laval.
Avant le Québec
Avant de partir au Québec, elle vivait près de Nantes et était enseignante de théâtre. Elle est aussi passée par le Guatemala ou l’Angleterre.
Au Guatemala, elle a fait un stage durant ses études de théâtre pour quelques mois, dans les communautés mayas. Elle est partie plusieurs fois en Angleterre pour enseigner le théâtre et accompagner l’apprentissage de l’anglais en langue secondaire. Durant ces années, elle continuait ses études, tout d’abord dans le théâtre, puis elle a fait un DU histoire de vie, puis un master en sciences de l’éducation. Formation qui l’a amené à vouloir faire un doctorat, qu’elle réalise entièrement au Québec.
Elle a postulé pour un diplôme préparatoire au doctorat au Québec et continuait son master à distance avec l’université de Nantes. Au début, elle avait un visa étudiant d’un an. Puis elle a obtenu un visa de 4 ans pour faire son doctorat.
Avant de partir, elle n’avait aucune idée préconçue du Québec, outre le froid. Sa décision de partir est due à sa curiosité et au défi lancé par son conjoint. Avant de partir, elle n’avait pas vraiment d’idée où elle allait, allant même à confondre les villes où elle allait étudier.
Elle est partie seule la première année, puis son conjoint l’a rejoint 10 mois après en PVT. Par la suite, il l’a rejoint sur son « visa », le permis d’études.
L’arrivée au Québec
Au début, elle est partie peu préparée. Sans vraiment mesurer les choses, comme le cout des études par exemple, elle n’avait pas les économies nécessaires pour couvrir les frais d’inscriptions. Il fallait trouver un travail et même si tout est en français, elle n’avait pas les codes pour interagir avec le marché du travail.
Cette première année était assez difficile, financièrement ou socialement. Elle a réalisé qu’il fallait un peu de préparation avant de s’expatrier de celle manière.
Par contre, ce fut une année riche en expérience. Elle a découvert l’université québécoise, vraiment différente de l’université française. D’abord, car elle est payante (3000/4500$) et cela change la dynamique et les ressources à disposition des étudiants. Cela change l’environnement physique aussi. L’étudiant a beaucoup plus de pouvoir décisionnel sur ce qu’il se passe, peut rencontrer ses enseignants, apporter des modifications aux cours, l’interaction enseignant/étudiant est différente, avec plus de tutoiement. Les contenus sont aussi beaucoup plus pragmatiques. Les Québécois amènent plus de pratique et cela reste moins abstrait qu’en France.
Durant cette première année, Charlotte a découvert qu’elle était capable de s’adapter. Elle avait tout à recommencer du début, avec 23kg de bagages et toute seule, alors qu’elle menait une vie bien installée en France. Elle fut capable de faire ça, d’avoir des ressources qu’elle ne soupçonnait pas. Capable aussi de s’ouvrir à d’autres cultures, pas si évidentes à l’origine.
La première année, elle se sentait bien au Québec. Elle a rencontré avec son directeur de thèse qui lui a donné envie de rester. La deuxième année, son conjoint est arrivé, elle avait une voiture et était plus mobile. Elle a pu découvrir le Québec, qui lui plait beaucoup, sauf entre octobre et mai !
La vie québécoise
Elle aime le rythme de vie, plutôt cool, où tout est fluide. Elle trouve facile de vivre au Québec.
Il y a des différences entre les deux vies, entre la France et le Canada, c’est fondamentalement différent. Même si on a pas l’impression à la base, car la langue commune et c’est assez similaire.
Les différences fondamentales : c’est un coin d’Amérique qui parle français. Tout est organisé sur un mode nord-américain : relations différentes entres les gens, vision de la hiérarchie n’a rien à voir, les gens se tutoient. L’entrepreneuriat est plus valorisé et plus facile ici avec une politique de « essaie et tu verras bien ».
Outre le temps, parfois compliqué en hiver, elle ne se retrouve pas trop au niveau écologique, notamment au niveau du tri ou des déchets. La difficulté avec la circulation dans les villes est aussi pénible. Ici il y a beaucoup d’autoroutes et pas mal de choses ne sont pas accessibles à pied, ce qui induit une ambiance un peu stressante, différente en tout cas.
En terme de cout de la vie, c’est assez similaire à la France. Sauf que les salaires sont un peu plus élevés et les couts aussi. Elle a quand même l’impression de s’en sortir un peu mieux qu’en France. Ils ont un joli appart, une voiture et un train de vie confortable. Les restaurants sont par contre plus chers.
Le doctorat au Québec
Le doctorat a une durée aléatoire. C’est la dernière étape d’un parcours universitaire qui mène au titre de docteur dans une discipline précise, après le master.
Il y a un engagement de 4 ans au Québec. Le projet de recherche est validé en 3 examens : présentation de la théorie, la méthodologie, puis la soutenance de thèse à la fin.
L’objectif est de produire des connaissances scientifiques sur un sujet donné, dans sa discipline, quelque chose qui n’aurait pas été exploré ailleurs. Cela peut mener au poste de professeur à l’université.
Tout le monde peut faire un doctorat. Il faut s’entrainer à chercher, à penser, à écrire, comme dans n’importe quelle formation. Pour y accéder, c’est assez facile. Il faut trouver un directeur de recherche et proposer un projet de recherche qui soit innovant, intéressant, voire rentable pour une université. Un doctorant va communiquer sur ses recherches, écrire des articles, aller dans des colloques, ce qui équivaut à de la visibilité pour université, crédit de recherches accordé…
Charlotte est rémunérée pour le doctorat, car elle travaille, mais ce n’est pas obligatoire. Un contrat de recherche et contrat d’enseignement sont souvent offert pour les doctorants. Elle est chargée de cours, enseigne pour les futurs enseignants du primaire au Québec. Elle fait 15 heures par semaine, assez bien rémunérées. Cela prend du temps, mais cela vaut le coup.
Le doctorat est reconnu dans presque toutes les universités du monde et c’est très commun de retrouver des Français ou d’autres étrangers qui vivent dans un autre pays pour faire un doctorat. Elle prépare un PHD, mondialement reconnu.
On peut ensuite enseigner dans tous les pays du monde. Les gens sont mobiles, on peut le préparer n’importe où. L’inconnu reste d’avoir un permis d’études, qui va dépendre de son pays d’origine et du pays de demande. Là où Charlotte travaille, il y a beaucoup d’étrangers. Elle travaille avec des mexicains, vietnamiens, gabonais, suisses, albanais… il y a un gros brassage culturel
Le Canada accueille assez facilement les Français, mais pour le reste des pays, cela est très variable. Cela dépend des domaines de recherches, des universités, projets de recherches, des bourses offertes…
Son sujet d’étude : l’identité d’apprenant et les préférences d’apprentissage.
Elle va étudier chez des élèves qui commence le théâtre à l’école, la façon dont ils se définissent comme apprenant au théâtre et si cela leur fait mettre en place des mécanismes d’apprentissage particulier. Par exemple, si quelqu’un s’autodéfinit comme « quelqu’un de mauvais » dans une discipline, elle va mettre en place des stratégies qui sont moins bonnes au niveau de son apprentissage. Et qu’il suffit parfois de travailler sur la façon dont on se définit comme apprenant pour aider à l’apprentissage.
Elle est encore assez loin de finir sa thèse pour le moment. Cela prendra encore plusieurs années.
Le doctorat n’est pas forcément simple, car cela prend du temps et durant toutes ses années la vie avance et on peut avoir envie de faire de nouvelles activités à côté, de construire quelque chose, de monter une entreprise… il faut tenir sur la durée, ce n’est pas facile.
Après 4 ans de permis d’études, Charlotte vient de le prolonger de 2 ans et demi, car elle n’avait pas encore fini sa thèse.
Le permis d’études oblige de s’inscrire à l’université à temps plein. Il donne le droit de travailler sous conditions : maximum 20 heures par semaine en dehors de l’université. Et des emplois qu’on ne peut pas exercer : métiers liés à l’enfance ou enseignement, commerce du sexe, domaine de la santé…
Pour son conjoint, son permis de travail est lié au sien et il peut travailler autant d’heures qu’il veut. Il travaille dans un magasin de luminaire et était électricien en France. Son diplôme n’étant pas reconnu pour le moment et il ne peut pas s’inscrire à une formation pour faire une équivalence. Il faudrait avoir la résidence permanente pour contrer ces effets négatifs.
Durant ses années au Québec, Charlotte a fait beaucoup de petits boulots pour gagner de l’argent : centre d’appel, enseigner, de la recherche, guide sur le campus pour les nouveaux étudiants, vendeuse en magasin de lingerie, secrétariat, accueil dans une structure universitaire, surveillance d’examens….
Bilan et futur de cette expatriation au Québec
En repensant à son expatriation, Charlotte aurait aimé arriver mieux préparée. Elle aurait perdu moins de temps.
Ses conseils : rester ouvert à ce qu’il se passe, car tout va être différent par rapport à la Fran. Arriver avec un oeil neuf pour bénéficier de l’expérience universitaire.
Pour les étudiants arrivant de France, il est difficile de s’adapter au début, mais il faut être cool et voir au fur et à mesure pour s’adapter et profiter de l’expérience.
En ce qui concerne son futur, elle ne sait pas vraiment ce qu’elle veut faire. Elle a eu d’abord la phase « tout est cool, je me vois bien vivre ici toute la vie », puis là à son sixième hiver, elle se dit qu’il sera difficile de vivre cela encore 30 ans. Se pose aussi la question de la famille qui vieillit et de savoir si l’on se rapproche ou non.
L’idée n’est pas de revenir en France, mais surement d’aller vivre ailleurs. Elle aimerait retrouver ce moment terrorisant, mais exaltant où tu arrives dans un endroit nouveau, que tu as une page blanche, avec tout à réécrire.
Dans tous les cas, il faut qu’elle finisse son doctorat. Même si c’est long, elle a envie et reste motivée.
Charlotte a aussi créé un blog : https://feeducatif.com/
Elle veut diffuser et vulgariser ses recherches, montrer à ses étudiants d’autres façons de voir les choses. Son blog recense des pratiques différentes en éducation avec notamment un podcast.
Pour finir, elle ajoute que le Québec est magnifique et qu’il faut venir le visiter. Ce n’est pas une extension de la France. La culture est vraiment différente et vaut le coup d’être découverte.
Merci d’avoir écouté l’épisode #080 du podcast !
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– Michael