Traverser la frontière

TLF 104 : De l’Alaska à Ushuaïa à vélo, la folle aventure en amoureux

Mise à jour le 25 mars 2023

Un voyage à vélo à travers toute l’Amérique, ça vous parle ?

Ça peut paraitre un peu fou… mais ils l’ont fait !

Dans cette interview, retrouvez Sophie et Jérémy qui reviennent tout juste d’une aventure incroyable : 28 000 KM à vélo entre l’Alaska et la Patagonie.

Écoutez tout de suite l’épisode (1H02) :

Épisode #104 sur l’incroyable voyage : Alaska/Patagonie à vélo

Depuis mon aventure Paris/Téhéran à vélo, je suis encore plus admiratif des personnes qui s’embarquent dans de longues aventures… Et là 2 ans et 3 mois à traverser l’Amérique du nord au sud : chapeau !

« On ne voulait pas faire de bébé tout de suite, alors on s’est dit qu’il fallait qu’on se lance une autre aventure »

Voilà une bonne raison de partir !

Alors Sophie et Jérémy ont parcouru 28 000 kilomètres depuis le nord de l’Alaska jusqu’au sud de la Patagonie. Il y a eu des hauts, des bas, mais surtout des souvenirs inoubliables.

Dans cette interview, on discute :

  • De la genèse de cette aventure
  • La préparation
  • Leur budget total et le financement
  • Leurs péripéties sur la route
  • Les efforts dantesques dans la cordillère des Andes
  • L’effet d’un tel voyage sur un couple
  • De rouler durant un hiver enneigé
  • Les leçons tirées de cette aventure
  • Leurs conseils si vous envisagez un voyage à vélo

Les liens de l’épisode :

À savoir que Sophie et Jérémy organisent une chouette campagne de crowdfunding pour leur documentaire, toutes les infos ici.

Comment écouter cet épisode ?

Cet épisode dure 1H02 et vous pouvez l’écouter :

Alaska/Patagonie à vélo : Le résumé écrit de l’interview

Sophie et Jérémy sont revenus de leur voyage le 8 septembre 2019. Après l’hiver en Patagonie, ils arrivent dans l’hiver européen et en sont plutôt contents. Ils comptent même s’installer en Savoie, au cœur des Alpes !

Sophie a 30 ans. Elle est journaliste et passionnée de voyage et du dépassement de soi. Elle a beaucoup voyagé seule et aime parcourir des zones géographiques à la force de son corps.

Jérémy a 31 ans et n’a pas vraiment de profession en particulier. Il a fait beaucoup de choses ! Il a travaillé dans le commerce, en activités saisonnières, muscher au Canada… Il a commencé la randonnée à 14 ans, a beaucoup voyagé, notamment une traversée de l’Europe à pied.

Alaska/Patagonie à vélo : 2 ans et 3 mois pour 28 000 km

Sophie et Jérémy avaient l’envie de créer un projet ensemble, notamment vers le voyage.

« On ne voulait pas faire de bébé tout de suite, alors on s’est dit qu’il fallait qu’on se lance une autre aventure »

En regardant un planisphère, ils ont remarqué qu’ils n’étaient jamais allés en Amérique du Sud. Puis l’idée s’est étendue au continent américain dans son ensemble. D’Alaska au sud de l’Argentine, l’idée semblait logique. Ne voulant pas le faire à pied, en raison du temps qu’il aurait fallu pour tout parcourir, ils ont opté pour le vélo. Un peu plus rapide et respectueux de la nature.

Jérémy avait fait quelques voyages à vélo auparavant, organisé à l’arrache et avec des vélos pas vraiment adaptés ! Pour Sophie, c’était son tout premier voyage à vélo.

Même si elle partait confiante, Sophie s’est vite rendu compte qu’elle « ne savait pas faire de vélo ! »

Il y a eu 1 an et demi entre la décision de partir et l’actuel départ du voyage. Avec pas mal de préparation logistique, de recherche de partenaires et d’économies d’argent.

Budget du voyage : 30 000€ à 2 pour 2 ans.

  • 1/3 : économies
  • 1/3 : partenariat et dons matériels
  • 1/3 : dons à leur association

À savoir que c’est un budget personnalisé, selon leurs besoins. Cela peut être beaucoup plus ou beaucoup moins selon les envies de chacun.

Le départ d’Alaska

Ils sont partis de Prudhoe Bay (Deadhorse) sur les rives de l’océan arctique. Au mois de juin à -10 degrés. Au bout d’une semaine, Sophie a eu un accident. Après une mauvaise rencontre avec un camion, elle se casse la figure et se casse l’humérus droit (épaule) et subit un traumatisme crânien. Ils ont dû s’arrêter 1 mois et demi dans leur voyage, à Fairbanks.

Une fois reparti du lieu de l’accident, c’était le renouveau. Ils sont sortis grandis de cette expérience difficile.

« On a eu une force incroyable qui est entrée en nous et qui ne nous a jamais quittés du voyage »

Ils descendent jusqu’aux Rocheuses sans trop de soucis, puis ils arrivent à Columbia Icefield où l’hiver était déjà arrivé à 2200 mètres d’altitude. Avec des températures négatives et de la neige.

Aux USA, ils ont descendu toute la côte et sont arrivés à Tijuana 9 mois après leur départ d’Alaska.

Lorsqu’ils passent le mur entre les États-Unis et le Mexique, tout change. Déjà au niveau culinaire avec une explosion de saveur. Niveau culturel, il y a beaucoup plus d’histoire en Amérique latine. Au niveau de l’architecture, c’est plus joli, coloré, traditionnel.

Pour Sophie, son taco préféré est celui au chorizo. Pour Jérémy, il garde des souvenirs contrastés, car il est tombé malade. Mais il a bien aimé les ceviches.

Ensuite, la traversée de l’Amérique centrale fut assez difficile.

Au Guatemala, ils ont eu l’éruption du volcan El Fuego. Plus de 300 morts. Dur émotionnellement, car ils sont passés juste à côté.

Au Salvador et Honduras, il n’y a pas eu de soucis, car ils ont longé la côte Pacifique.

Par contre, c’est devenu chaud au Nicaragua et ils ont dû traverser le pays en pleine insurrection. Pas de nourriture dans les supermarchés, pas d’essence… le pays était paralysé. Morts tous les jours, car les paramilitaires avaient le droit de tirer à balles réelles sur les manifestants.

Ils ont tout de même continué, se sont renseignés et ont beaucoup parlé avec les locaux pour connaitre l’itinéraire à suivre. Ils ont été bien accueillis par les gens. De toute manière, ils avaient vraiment envie de le faire à vélo, sans prendre les transports.

Au final, ils ont traversé le pays en seulement 5 jours avant d’arriver au Costa Rica.

Arrivée en Amérique du Sud

Du Panama, ils ont pris un voilier jusqu’en Colombie. 500$ pour 5 jours de traversée via les iles San Blas. C’est deux fois plus cher que l’avion, mais il faut savoir qu’il est possible d’avoir une bonne réduction avec quelques compagnies de bateaux.

En arrivant en Colombie, ils ont eu 800km de plaine puis un beau jour a débarqué la montagne avec un premier col à 3500 mètres. L’entrée dans les Andes. À partir de là, ils se sont engagés dans la cordillère des Andes pour une année.

Ils ont choisi l’option compliquée. Mais peu à peu, le corps s’habitue à l’altitude. Ils ont quand même décidé de se délester de 10kg chacun à cette période. Heureusement, les montées étaient progressives. Les paysages eux aussi changent radicalement.

Au Pérou et en Bolivie, ils ont fait 2 cols à près de 5000m d’altitude.

« Plus on avançait dans notre voyage, plus on aimait la montée »

Le plus dur était surement l’Équateur où il y avait de gros pourcentages, notamment à 19%. Ce pays était le plus corsé niveau montagnes, car ils ne savent pas faire de routes. Sans lacets et tout droit. Les souvenirs les plus difficiles en vélo viennent de là-bas.

En descendant de l’Altiplano bolivien, ils ont fait une halte à San Pedro d’Atacama, avant d’arriver en Argentine. En roulant dans la plaine, ils ont senti se rapprocher Ushuaïa. Notamment sur la carte. Malgré tout, les distances restent énormes !

Ils ont repassé les Andes pour longer la carretera australe au Chili. Puis l’hiver est arrivé progressivement, avant d’être entouré de neige !

La Patagonie en hiver

Ils n’ont jamais eu la sensation de vouloir abandonner durant ce voyage, même lorsque c’était difficile. Ils étaient dans l’acceptation de tout et de la difficulté.

« Quoi qu’il arrive, on va y arriver »

En voyant tout le chemin parcouru, ils ne se voyaient pas lâcher alors qu’ils étaient bientôt au bout, même s’il restait des milliers de kilomètres. D’ailleurs, ils recommandent la Patagonie en hiver à n’importe qui. Il faut juste avoir le bon équipement.

La Patagonie enneigée, c’est d’abord beaucoup de plénitude. La neige a la capacité d’insonoriser tout ce qu’il y a autour de toi. Il y a un calme et un silence, mélange avec le bruit de la nature.

L’hiver, c’est aussi un défi : « est-ce qu’on mérite vraiment notre arrivée à Ushuaïa ? »

Ils sentaient l’excitation de devoir traverser ces montagnes enneigées, de faire leurs propres traces. Ils étaient de plus en plus calmes, contemplatifs proches de l’arrivée. La Patagonie, c’était aussi de la pluie et du vent.

Avant d’arriver à Ushuaïa, ils commençaient à se remémorer les deux aannées de voyage. Et devenaient hyperactif mentalement.

Au niveau du couple, ce fut une expérience très enrichissante à tous points de vue. Tu redécouvres l’autre personne durant un tel voyage. Cela permet aussi de construire une équipe : se supporter, faire les bons choix ensemble, des compromis.

« Ce qui nous a sauvés, c’est la communication »

Savoir se parler, se dire les choses, ne pas avoir de tabous. On vit ensemble 24/24. On dépend l’un de l’autre pour notre survie. On apprend à connaitre la personne qu’on aime, mais dans un contexte hors de sa zone de confort. Comme un autre voyage dans le voyage.

Les apprentissages

Il faudrait une vie pour prendre du recul et c’est toujours compliqué de tirer leçons, surtout après seulement 1 mois de retour.

Le premier enseignement, c’est que l’humain est profondément bon. Peu importe où tu vas, si tu fais l’effort d’aller vers l’autre, il ira vers toi. C’est en fait plein de petites leçons apprises sur le chemin. Et à la fin, on se sent évoluer.

Sophie a appris à être minimaliste. Quand elle est rentrée en France, elle s’est rendu compte qu’elle avait beaucoup trop de vêtements. Elle en a donné la moitié à des associations.

Le message qui reste important pour Sophie et Jérémy, c’est : « croyez en vos rêves ». Tous les rêves sont réalisables dans l’absolu, dans le respect de l’autre et de la nature.

Les conseils

Vérifier des centaines de fois ses sacoches et supprimer les choses qui ne sont pas utiles de manière mensuelle.

On se surprend dans la difficulté. Il ne faut pas avoir peur de tenter quelque chose qui parait difficile. Le mental est au-dessus du physique. Sophie s’est surprise à faire des choses qu’elle pensait irréalisables.

Niveau matériel, on apprend en faisant. Et on peut partir avec n’importe quel vélo.

Il faut aussi faire des erreurs, c’est comme ça qu’on apprend !

Sinon, emmener un tapis pour le cul ! Prends un petit tapis thermarest, mais juste pour les fesses. Exemple ici.

De retour en France, ils vont faire un tour à vélo de toutes les écoles qui les ont suivies durant le voyage. Puis, ils vont surement se poser pour réaliser un documentaire, voire un livre.

Mot de la fin

Amour.
Vivez à fond, vivez vos rêves.
Partagez l’amour, c’est ça qu’il nous faut.

Merci d’avoir écouté l’épisode #104 du podcast !

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– Michael

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Michael

Auteur et Entrepreneur nomade, Michael est le créateur de Traverser La Frontière. Passionné de voyage, il a créé ce site pour aider et inspirer tous ceux qui ont envie de voyager, partir vivre à l'étranger et changer leur vie.

1 commentaireLaisser un commentaire

  • Superbe trip! Je pense effectivement qu’on ne peut pas dire avoir voyagé correctement si on ne commet pas d’erreurs. Même si on rassemble toutes les infos pour réussir son voyage à vélo, il est toujours possible qu’il y ait des imprévus! Quoi qu’il en soit qui ne tente rien n’a rien.

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