Traverser la frontière

TLF 055 : Allumer le feu du voyage en vous avec Mouts

Mise à jour le 25 mars 2023

Avez-vous l’audace d’oser voyager ? D’allumer le feu du voyage en vous ?

Dans cette interview, retrouvez Mouts de la célèbre émission TV Nus et Culottés qui vous raconte son parcours, sa vision de la vie et du voyage.

Vous allez découvrir les voyages de Mouts avant Nus et Culottés, pourquoi il s’est lancé dans cette aventure, l’importance de l’humain dans un voyage, sa plus grande leçon de vie ou encore ses conseils pour franchir le pas.

Écoutez tout de suite l’épisode (55 min) :

À propos de l’épisode #055 avec Mouts de Nus et Culottés

Je parle souvent des moyens de voyager moins cher, comme lors du dernier podcast avec Astrid, ou bien avec mon guide Partir à l’étranger sans se ruiner, mais certains poussent le curseur encore plus loin ! C’est le cas de Mouts et Nans qui partent en voyage NUS et SANS ARGENT plusieurs fois dans l’année dans l’émission TV Nus et Culottés. Je voulais vraiment savoir ce qu’il se passe dans la tête de ces deux « dingos » et c’est passionnant ! Étant fan de l’émission, c’est un honneur d’accueillir Mouts dans le podcast

Le voyage est devenu un élément central de la vie de Mouts depuis des années, il vit même dans un bus ! Ses réflexions, conseils et anecdotes sont précieux si vous êtes accros au voyage ou si vous envisagez de partir un peu plus souvent.

Dans cette interview, on parle du grand voyage de Mouts en Amérique, la genèse de Nus et Culottés, comment trouver les ressources en vous pour accomplir vos rêves, gérer la dépendance à l’autre, surmonter les moments de doutes, mieux se connaitre grâce au voyage ou encore de la fameuse devise de Mouts « Osez oser » pour franchir le pas.

Les liens de l’épisode :

Comment écouter cet épisode ?

Cet épisode dure 55 minutes et vous pouvez l’écouter :

Aller le feu du voyage en vous : Le résumé écrit de l’interview

Mouts, l’allumeur de feu

mouts nus et culottés

©Bonne Pioche-Nus&Culottés

Guillaume Mouton, alias « Mouts », vit actuellement dans un vieux bus scolaire qui a été réaménagé en camping-car, et qui lui permet avec son amoureuse d’avoir une maison mobile et de pouvoir se balader un peu partout. Au moment de l’interview, il se trouvait en Suisse, près du lac Léman. Ce genre d’habitat est intéressant, car il nécessite d’être en lien avec les habitants, on ne peut pas poser un bus n’importe où.

Officiellement Mouts est réalisateur, mais dans son for intérieur, il se présente plutôt comme un allumeur de feu. D’abord pour lui même. Ce qui lui permet d’être sur la route, d’aller à la rencontre des gens, de dépasser ses jugements ou ses peurs, c’est d’avoir un feu qui brule continuellement à l’intérieur de lui. Feu qui s’éteint parfois à cause de peurs, mais qu’il essaie toujours de rallumer. Il se voit aussi allumer le feu chez les autres et partager ses expériences. Ces envies de voyage lui sont venues d’un homme qui avait fait une conférence en 2004 sur son voyage d’un an et demi autour du monde en vélo. Cette conférence qui avait allumé le feu chez Mouts.

L’émission de télévision Nus et culottés

Mouts est l’un des protagonistes de l’émission de télévision Nus et Culottés. Cette émission est née d’un pari fou avec son ami Nans Thomassey, qu’il a rencontré en 2005 à Toulouse en école d’ingénieur. Ils ont rapidement accroché sur les questions d’environnement puis de voyage. Ils ont voyagé chacun de leurs côtés pendant 2 ans et lorsqu’ils se sont retrouvés, ils ont eu l’idée de pousser le bouchon un peu plus loin par rapport à ce qu’ils avaient déjà vécu en voyage. De fil en aiguille, ils ont décidé de partir sans argent, puis sans sac à dos, sans sac de couchage puis finalement de partir entièrement nus.

Ils ont testé l’idée en juillet 2010, de partir de la Drôme nus et d’arriver à Paris en décapotable rouge pour sortir en boite, le tout en costard. L’idée était de partir du cliché de l’homme sauvage dans sa nature qui n’a rien, pour aller jusqu’à l’image de l’homme mondain et civilisé. Ils voulaient voir si ce cheminement-là était possible en 5 jours et en France. Finalement, ce fut un voyage extraordinaire à faire de l’avion-stop, de l’hélicoptère-stop, ils ont trouvé des costumes … comme si les choses tombaient d’elles-mêmes. Même s’ils ont quand même eu quelques difficultés, des nuits sans dormir, sauter des repars … à côté des manques, des miracles se produisaient ! Ils ont fait 2 autres voyages similaires puis se sont dit « chiche, on en fait des films ? »

Ils ont lancé l’idée à une société de production, « Bonne pioche », qui a contacté France 5 et ensuite la mayonnaise a bien pris. C’était la bonne idée, au bon moment, et cela a donné lieu à la série documentaire Nus et Culottés en 2012. Des voyages qu’ils font un peu partout en France et en Europe, avec à chaque fois un point A, tout nu, sans argent avec seulement un couteau et du matériel pour filmer. Pour arriver à un point B, un rêve, comme boire le thé avec un lord en Angleterre, trouver un ours dans les Pyrénées, voir des aurores boréales en Islande, trouver une oasis dans le Sahara …

nus et culottes

©Bonne Pioche-Nus&Culottés

Les voyages de Mouts avant Nus et culottés

Avant de franchir le pas Nus et culottés, Mouts avait déjà voyagé, notamment dans toute l’Amérique. Il se souvient aussi de son tout premier voyage, suite à cette fameuse conférence. Il s’est réuni avec une bande de copains, parti de Haute-Marne pour grimper le premier col des Vosges, qui se trouvait 200km plus loin. Ils avaient en vie de gouter à la vie, sans le confort dans lequel ils étaient habitués. Il a aussi fait beaucoup de voyages en vélo, de façon légère, mais toujours avec un peu d’équipement.

En parallèle, Mouts réfléchissait beaucoup aux questions environnementales. Il est parti faire le tour du continent américain avec 40 000km parcouru, dans lequel il est allé à la rencontre d’une centaine d’acteurs de changement (ONG, petites structures, particuliers …) que ce soit dans le développement durable, de l’énergie, de l’habitat, d’éducation … Il a pu rencontrer différents projets, comme faire du carburant avec des algues, la construction de maisons bios climatiques, des projets d’alphabétisation au fin fond du Pérou. Ce fut une preuve pour Mouts que l’humanité au sens large a énormément de créativité, d’idées ou de ressources intérieures. En regardant les journaux, on a l’impression qu’il n’y a que des problèmes, mais quand on regarde ces gens-là, cela permet de voir que l’on a énormément de ressources à l’intérieur de nous. Il a trouvé que beaucoup de projets ne se réalisaient pas à cause d’un manque de lien humain et des relations interpersonnelles. Cela lui a aussi permis de régler certains problèmes qu’il aurait pu fuir en partant voyager.

L’être humain au cœur du voyage

On retrouve cette nécessité de lien humain dans l’émission Nus et Culottés, de leur aide et soutien pour avancer. Mouts compare l’émission comme un laboratoire. Un espace dans lequel ils mènent des expériences relationnelles, comme celle de se retrouver devant les gens seulement vêtus de feuilles ou branchages. Beaucoup de fois, les gens les aident sans soucis, que ce soit pour prendre une douche, leur donner des vêtements, leur offrir l’hébergement … alors qu’ils ne les connaissent pas. Mouts a remarqué que c’est comme un jeu de miroir, il dit « on ne peut pas franchir les portes et les coeurs des gens, si nous-mêmes on n’est pas dans cet état d’ouverture. » Les moments où cela ne marche pas, où ils prennent que des « non », sont des moments où ils sont crispés par leurs peurs, leurs attentes ou leurs jugements.

L’attitude de Mouts et Nans est le seul facteur qui peut influencer la générosité des gens. Ils n’ont pas beaucoup de pouvoir sur le reste, comme sur la disponibilité des gens. Et même si les personnes sont disponibles, s’ils ruminent une frustration, sont en colère, ils s’en veulent mutuellement … les gens ne vont pas ouvrir leur porte si facilement. Cela demande un travail continuel de vider son sac émotionnel et les jugements qu’ils peuvent transporter avec eux. En ayant des jugements, on met des gens dans des catégories et on anticipe leurs comportements. Au départ, ils pensaient que seulement les jeunes allaient les héberger ou que les gens riches n’allaient pas les recevoir chez eux … et se sont rendu compte que ce n’était pas le cas. Mouts a remarqué que ce n’est pas forcément ceux qui ont le moins qui donnent le plus.

Dépendance aux autres et gratitude

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©Bonne Pioche-Nus&Culottés

Dépendre des autres pour se nourrir, se loger, se transporter ou se vêtir est très fatigant. Ce n’est pas tant la dépendance aux autres qui est fatigantes, car elle est existante de toute manière, mais à cause de l’argent on ne sent rend pas compte. Mouts nous dit que « Grâce à l’argent on se rend plus compte que l’on dépend des autres, de la personne qui a cousu le pantalon que je porte, de celle qui a transporté les chaussures que j’ai à mes pieds, celle qui a produit les aliments que je mange, etc. » En somme, on est interdépendant les uns des autres, mais sans l’argent, on voit cette dépendance de manière criante. Cela permet aussi de révéler ce que l’argent véhicule : la gratitude et l’échange. Mouts s’est aussi rendu compte combien on peut rendre sans argent. On peut chanter une chanson, on peut faire un dessin, regarder les gens dans les yeux, on peut écouter attentivement. Juste le fait d’écouter les gens a un pouvoir très fort et dans l’émission les gens se livrent parfois à des confidences qu’ils n’ont parfois jamais dites.

Cette notion de dépendance est fatigante, car ils la mesurent complètement, même si elle existait déjà. Il faut savoir accepter de recevoir, les cadeaux de la vie : un vêtement, quelque chose à manger, un lit pour dormir, une accolade, etc. Même si ces voyages sont fatigants Mouts souligne qu’ils le « régénèrent complètement. »

La clé pour pouvoir être à l’aise en voyage et demander de l’aide aux gens est d’y aller progressivement. Ils n’ont pas commencé à voyager en partant tout nu et sans argent ! Il y a un cheminement, ils sont partis à vélo, à pied, avec de l’autonomie, puis le stop, utiliser des réseaux d’hospitalité comme Couchsurfing. Petit à petit, ils vont toquer à la porte des gens pour voir ce qu’il se passe. La deuxième clé est celle d’assumer ses besoins. Quand on est flou, les gens sont méfiants et se demandent quelles sont nos réelles intentions. Il est préférable de faire une demande claire. Tout le monde a besoin de dormir ou manger et les gens comprendront votre besoin.

Voyager à deux : surmonter l’incompréhension

Nans et Mouts ont connu pas mal de difficultés au cours de leurs voyages comme manquer des repas ou passer des nuits dehors, mais l’épreuve la plus difficile c’est lorsqu’ils ne se comprennent pas. Quand ils veulent prendre un chemin différent, quand ils ne sont pas d’accord sur la façon de se comporter avec les gens, ou un désaccord sur les priorités. Et cela prend beaucoup d’énergie psychique et émotionnelle. S’ils ne s’entendent pas sur ce qu’ils veulent vivre, ils n’avancent pas.

D’ailleurs, c’est un problème qu’il a rencontré lors de son voyage EcoAmerica en Amérique du Sud. Il était parti avec sa copine, Béa et n’avait pas une qualité de communication suffisante. Au final, ils se sont séparés.

Pour surmonter ce genre d’épreuves, il faut se donner du temps. Ils ont décidé de mettre leur amitié avant tout. Avant le voyage, avant le film, avant les notions d’argent, les histoires avec des files, etc. Ils veulent vivre l’aventure ensemble, sinon ils partiraient chacun de leurs côtés et voyageraient seuls. Une des solutions est d’écouter et développer l’empathie envers l’autre, de comprendre ce qui l’anime et ses besoins fondamentaux derrière une stratégie. Ils ont l’habitude de dire qu’ils sont très fermes sur leurs besoins, mais qu’ils peuvent être très créatifs et flexibles sur les stratégies pour remplir ses besoins. Ils s’aident à céder !

Connais-toi toi-même

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©Bonne Pioche-Nus&Culottés

Tous ces voyages ont permis à Mouts de mieux se connaitre. En multipliant les expériences très variées, avec beaucoup d’histoires de vie, cela lui permet de découvrir des facettes de lui-même qu’il ne connaissait pas forcément. Apprend à se connaitre, c’est réaliser ses forces et ses faiblesses. Cette connaissance lui permet de dire oui ou non assez clairement lorsqu’il est sollicité. Elle lui permet de savoir où est sa place. Une 2CV ne va pas exemple pas concourir dans un concours de vitesse contre des Ferrari. Mieux se connaitre constitue un socle de sécurité qui permet d’avoir plus de confiance. Rencontrer plein de situations différentes permet de se reconnaitre dans ce qu’on est vraiment.

Plus que des défis, Mouts et Nans veulent réaliser des rêves dans Nus et Culottés. Ils veulent vivre une belle expérience. Pour Mouts, un voyage est plus facile s’il lui donne du sens, qui peut d’ailleurs changer au cours du voyage. Il a récemment fait un voyage de 5 semaines à pieds dans la Haute Marne, le département où il a grandi. Ce voyage avait pour but de réapprendre à aimer toute chose. Derrière les difficultés qu’il a vécues lorsqu’il a été enfant, derrière les incompréhensions dans sa famille, il avait envie d’accueillir tout ça. Il a d’ailleurs envie de revenir vivre en Haute-Marne d’ici quelques années, alors que cette pensée était impossible avant. Avoir un sens pour un voyage est important, mais certaines personnes aiment voyager pour voyager et ça marche aussi. Certaines personnes veulent parfois êtes juste libre et n’avoir aucun planning.

Vous hésitez encore à voyager ?

Pour les personnes qui ont peur de franchir le pas du voyage, le conseil de Mouts est simple : osez oser.

Il faut oser tenter, oser essayer. Lorsque l’on dit « il faut essayer », cela donne une énergie qu’il faut absolument faire quelque chose. Si on ne le fait pas, on va être un « raté », on va passer à côté de quelque chose, on va être jugé. Dans chacun d’entre nous, il y a des rêves et des aspirations fortes, mais à côté de ça, il y a des limitations. L’un des meilleurs moyens pour affronter les peurs qui peuvent exister est d’y aller pas à pas, d’oser faire le premier pas. Un petit pas ne met pas en danger, on peut toujours reculer. Il est important de connaitre sa zone de confort et ses habitudes pour faire un petit pas en dehors de cette zone-là.

Mouts a aussi compris quelque chose d’important : il a tout en lui. Et c’est vrai pour chacun d’entre nous, on a tous en nous les ressources nécessaires pour pouvoir évoluer vers un mieux-être, être soi-même. Pour cela, il faut prendre le temps de s’écouter, d’arrêter la routine et de se demander ce qu’on aimerait faire. Aller dans la nature peut-être une solution pour se reconnecter à soi, de replacer l’important devant l’urgent. Nous sommes dans une société de l’urgence, avec toujours des choses à faire et on passe parfois à côté de l’important.

Osons la pause : le dernier livre de Mouts

osons la pause

Osons la pause est un livre de photos qu’il a prises durant ses différentes marches. Que ce soit de la nature, des portraits, de la macro, de l’animalier ou de ciels. Ce sont des photos qui invitent à poser un regard animé de beauté sur toutes choses. Comme pour rappeler que si l’on se positionne d’une certaine manière, on peut quasiment tout trouver beau. Mouts croit que nous avons énormément besoin d’une nourriture spirituelle, qui donne de l’espoir, qui rassure. D’avoir des pensées qui font du bien, des citations qu’on aime se rappeler, de voir des films qui nous font rire …

Mouts pense que lorsque quelque chose ne va pas, si on réagit avec l’énergie de la peur, cela ne fait qu’entretenir le problème. Il est préférable d’avoir une réaction mue par l’amour, l’enthousiasme ou la joie. En réagissant avec de l’amour, Mouts a souvent vu des miracles en face de lui, que ce soit dans sa vie intime, ses voyages, sa relation avec ses proches. Ce livre inspire à prendre le temps, de prendre des pauses et d’aller vers l’important au lieu de l’urgent.

Il est disponible sur le site osonslapause.com

La nouvelle saison de Nus et culottés sera disponible l’été 2017.

Pour tous les auditeurs du podcast, Mouts nous souhaite d’avoir l’audace dans les moments où c’est difficile, de savoir dire non et de savoir dire oui à soi.

Merci d’avoir écouté l’épisode #055 du podcast !

michael-pouce-articleMerci d’avoir pris le temps d’écouter cet épisode du podcast de Traverser La Frontière. Si vous avez des suggestions ou des remarques sur l’épisode, laissez un commentaire un peu plus bas, je les lirais avec attention.

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– Michael

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Michael

Auteur et Entrepreneur nomade, Michael est le créateur de Traverser La Frontière. Passionné de voyage, il a créé ce site pour aider et inspirer tous ceux qui ont envie de voyager, partir vivre à l'étranger et changer leur vie.

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