Traverser la frontière

Mon Erasmus à Bratislava : Les 10 leçons qui ont changé ma vie

erasmus bratislava

Mise à jour le 25 mars 2023

En septembre 2007, étant étudiant en Master 1 de Management à l’université de Cergy-Pontoise j’ai décidé de sauter le grand pas et de partir étudier à l’étranger quelques mois …

Vous allez découvrir pourquoi ce voyage à changé ma vie.

Pourquoi suis-je parti ?

Après mon BAC ES en poche, je me suis orienté vers des études en économie à la fac et j’ai obtenu ma licence en 4 ans (j’ai redoublé entre temps, pas très doué en maths …). J’ai ensuite passé 4 mois en stage de marketing chez Locasun, un site de e-tourisme.

Durant cette année 2007, plusieurs évènements ont commencé à titiller mon esprit sur mon parcours et sur ce que je voulais.

Tout d’abord, j’avais remarqué qu’il y avait pas mal d’étudiants étrangers à l’université et qu’une association les accompagnait (administratif, intégration, soirées …). En me rapprochant d’eux et en parlant aux étudiants venant de toute l’Europe, je commence à comprendre qu’il est assez facile de partir étudier dans un autre pays et surtout qu’ils étaient super heureux d’être là.

Ensuite durant mon stage, dans un environnement plutôt international, je commence à réaliser que le monde n’est pas si grand et qu’il est super facile de partir à l’étranger. De plus, je rencontre des personnes qui sont parties en Erasmus et qui m’en parlent comme la meilleure expérience leur vie …

Ça commence sérieusement à cogiter !

Enfin, une raison personnelle est venue se lier à ça l’été 2007, une sorte d’électrochoc qui te remet en question et qui t’incite à prendre des décisions radicales.

Finalité, en septembre 2007, rendez-vous au service relations internationales de l’université.

Le choix de la Slovaquie

Qui connait Bratislava et la Slovaquie ?

Je peux vous dire qu’en 2007, je n’avais quasiment jamais entendu parler de ce pays … Pourtant j’ai décidé d’y aller passer 5 mois de ma vie.

Je n’avais de toute façon pas beaucoup d’options, car il me fallait une université partenaire où les cours étaient en anglais et qui collait avec mon programme.

C’était Bratislava ou Bergen en Norvège, j’ai préféré le faible coût de la vie de l’Europe de l’Est !

Donc si je résume : je pars dans une destination inconnue, tout seul, contre l’opinion générale et avec mon anglais à chier. Ce n’était pas gagné !

Un séjour riche en découvertes

Malgré beaucoup d’incertitudes et la peur au ventre au moment de prendre l’avion tout seul, je me retrouve vers minuit à l’aéroport de Bratislva. Il fait nuit, le temps n’est pas à la fête, il neige légèrement et il doit faire pas loin de zéro degré, chargé comme une mule je ne sais pas trop quoi faire…

Jusqu’au moment où je rencontre Christian, un Erasmus allemand « engagé » pour me ramener à bon port surgit de nulle part. On se salue et il m’embarque dans un taxi directement le dorm …

Tout commence ici et je vais vous dire en 10 leçons pourquoi cette expérience a été la plus importante de ma vie.

dorm bratislava

1) J’ai appris à parler anglais

Quand je suis parti, j’avais un anglais scolaire et clairement tenir une conversation n’était pas une chose aisée.

Je me suis retrouvé dans un environnement international avec des allemands, italiens, espagnols, portugais, polonais, turques, anglais … et notre seule langue commune était l’anglais. J’étais bien obligé de m’y mettre !

Sans compter que tous mes cours étaient en anglais …

Rien que pour les langues, ça vaut le coup de partir ! Je suis revenu avec un anglais presque courant et je n’avais qu’une envie, de parler avec des étrangers.

2) J’ai appris à vivre avec les autres

Il y avait un gros bâtiment tout moche qui faisait office de résidence étudiante et les 3 premiers étages étaient réservés aux étudiants Erasmus.

Je partageais ma chambre avec un étudiant portugais et « l’appartement » avec 2 autres étudiants. Donc une salle de bain pour 4. Puis, il y avait une cuisine par étage, donc en gros partagée entre 50 personnes.

N’ayant jamais vécu en colocation ou dans mon propre appart … je dois dire que ce fut un gros choc au début.

Il faut apprendre à partager, à être respectueux des autres, à nettoyer, être sociable de temps en temps, respecter l’intimité des autres …

Je me souviens d’un jour, ou plutôt une nuit où je dormais à poings fermés lorsqu’à 4h du mat mon fameux coloc portugais débarque de soirée.

Bien éméché il a l’intention de continuer la soirée dans notre chambre ! Aidé de nos 2 autres colocs de la chambre adjacente ils allument les lumières, mettent de la musique et rameutent d’autres Erasmus

Bref, j’aurais des dizaines d’anecdotes à raconter sur la vie en communauté dans ce dorm … peut-être pour un autre article !

3) J’ai appris à voyager

voyage erasmusAvec quelques colonies de vacances et des petits week-ends à l’étranger, je n’ai jamais vraiment été initié aux voyages durant mon enfance/adolescence. Je peux dire que les choses ont bien changé durant mon Erasmus.

J’ai tout d’abord appris a vivre dans une ville à l’étranger, pas forcément trivial de prime abord. Essayer de parler la langue, de comprendre le système de transport, acheter une carte SIM, de comprendre la culture locale …

Mais j’ai surtout voyagé plus souvent en 5 mois que toute ma vie.

J’ai visité plus de 6 pays en Europe de l’Est, tous les week-ends nous allions nous balader dans les villes assez proches de Bratislava.

J’ai redécouvert la beauté de Prague et Vienne, j’ai visité les camps d’Auswhitz en Pologne, j’ai trippé pendant plus d’une semaine en Roumanie et Bulgarie, j’ai exploré la campagne slovaque …

J’ai vraiment pris goût à tous ces voyages, à toutes ces découvertes, à toutes ces galères et surtout à ces moments de bonheur et d’excitation lorsque l’on découvre un nouvel endroit.

4) J’ai appris à être indépendant

Bon, j’ai toujours vécu chez mes parents avant de partir en Erasmus à 23 ans. Il y en aura toujours qui seront plus ou moins dégourdis que moi.

En vivant à Bratislava, j’étais littéralement livré à moi-même. Je pouvais faire ce que je voulais, quand je le voulais, comme je le voulais, un sentiment de liberté jouissant, mais un peu effrayant.

Je devais gérer mon budget, faire mes courses, cuisiner, laver la chambre, me débrouiller face aux problèmes qui se présentaient … sans que personne ne me dise ce j’avais à faire.

J’ai maintenant 28 ans, ça me parait vraiment trivial de dire ça, mais à l’époque c’était un grand bouleversement !

Ça n’a pas tous les jours été facile, mais cet Erasmus à été une belle école de la vie et j’ai depuis pris goût à cette indépendance.

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5) J’ai appris que les gens comptent avant tout

Bratislava n’est globalement pas une ville extrêmement jolie, ni une ville super joyeuse, le nombre d’attractions touristiques est limité et le choix de divertissement assez restreint…

[Bon je recommande quand même d’y faire un tour de 3/4 jours, il y a quand même des choses sympas à faire et à découvrir !]

Rester 5 mois dans cette ville pas si géniale aurait pu sembler compliqué, mais ce fut l’inverse.

J’ai passé 5 mois au top grâce aux personnes qui m’ont accompagné dans cette aventure. Imaginez une centaine d’étudiants de toute l’Europe se réunissant à un endroit unique pour étudier et profiter de la vie. Le film L’auberge espagnole n’est pas loin de la réalité.

Je n’ai jamais été aussi occupé que durant ces 5 mois, entre les cours, les voyages, les soirées et toutes les activités que nous avons pu faire, mon Erasmus était bien rempli.

Cela je le dois aux personnes qui étaient autour de moi et qui ont partagé tous ces moments. Je me suis fait des amitiés plus ou moins éphémères au cours de ces 5 mois, mais la fraternité était elle bien présente durant ce séjour.

Cette leçon s’est souvent répétée durant mes différentes expériences et voyages ces dernières années. Les gens qui sont avec nous comptent souvent beaucoup plus que l’endroit pour vivre de belles expériences.

6) J’ai appris que l’Europe était d’une forte diversité

En vivant en France et en étant très peu en contact avec des étrangers, j’avais une vision du monde un peu étroite, notamment formatée par les médias.

Avec à peu près une vingtaine de nationalités différentes, j’en ai vu de toutes les couleurs et j’ai pu comprendre qu’il existait d’autres cultures que celle de notre pays (logique hein ?!).

On découvre des danses venues de Turquie, des repas finlandais, l’esprit festif venu d’Espagne, la rigidité des Allemands, l’ouverture d’esprit des Belges, la nonchalance italienne …

On apprend à dire « santé » dans toutes les langues européennes, on déguste de l’alcool venu de toute l’Europe, on entend de nouvelles sonorités dans les langues, on découvre de nouvelles coutumes, on apprend qu’on ne peut pas faire la « bise française » à tout le monde …

J’ai vu aussi une grande diversité dans mon pays d’accueil, la Slovaquie. Ex pays soviétique, on y découvre des plats atypiques (dont le fameux halusky), des cités dortoirs où il fait bon vivre, on admire les filles slovaques (pour info l’ex-madame Karembeu est slovaque), on se balade dans des châteaux datant du moyen âge, on évite les skinheads nationalistes …

Ce n’est qu’un aperçu de ce que peut offrir le monde et tout cela a mis en appétit ma curiosité.

7) J’ai appris que la persistance payait

C’est quelque chose que je n’avais pas forcément relevé avant, même si les cours et les examens testent ton degré de persistance pour comprendre et assimiler ce que tu es censé apprendre.

J’ai tout d’abord rencontré pas mal de soucis pour pouvoir partir en Erasmus. Personne dans ma filière ne part en Erasmus, il faut toi même regarder les universités partenaires, les contacter pour connaitre leur cours, convaincre ton directeur d’études de te laisser partir, faire toute la paperasse (et il y en avait !), prouver aux amis/famille que c’est le bon choix …

Enfin bref un parcours pas très facile (pour mon cas, c’est très simple pour certaines filières) et je pense que sans une grande motivation de pour partir j’aurais peut-être baissé les bras. Mais à chaque obstacle j’ai persisté, je suis sorti de ma zone de confort (parler anglais au téléphone, coincer mon directeur d’études dans l’ascenseur …) et ça a marché !

Et je trouve que la persistance est de rigueur dès que tu te retrouves dans un pays étranger dont tu ne maitrises pas la langue locale. Pour obtenir une carte SIM, pour récupérer un colis à la poste, pour réserver un train de nuit … Tout est plus compliqué, mais c’est aussi la joie des voyages !

8) J’ai appris qu’on pouvait vivre pour moins cher à l’étranger

Étant habitué aux prix français et parisien, quel choc lorsque j’ai découvert les restaurants, les bars et les supermarchés en Slovaquie. Tout était beaucoup moins cher qu’en France !

À titre d’exemple (en 2008):

  • Je payais 80€/mois de loyer pour ma chambre
  • La pinte de bière était en moyenne à 1,5€
  • Un repas au restaurant oscillait autour de 4€
  • Cinéma à 5€
  • Ticket de bus à 0,50€
  • Déjeuner à l’université pour 2€

Avec des revenus français, on peut très bien s’en sortir. En revanche, j’ai appris au cours de mon séjour que les salaires étaient eux aussi faibles, le SMIC local est de 352€ (en 2014), ça te fait vite réfléchir.

J’observe donc en direct tout ce qu’on a pu m’apprendre en cours d’économie avec l’indice big mac, le principe du coût de la vie …

Pour le coup, je peux dire que j’ai bien profité de ces prix bas, je suis beaucoup sorti, j’ai fait pas mal de restaurant, beaucoup d’excursions dans les pays voisins …

Depuis, l’idée de vivre dans des endroits avec un coût de la vie assez faible et des revenus « français » m’a toujours trotté dans la tête.

9) J’ai appris que l’université n’est pas si importante

Bon autant être honnête avec vous, je n’ai pas énormément bossé à l’université en Erasmus, pourtant le but premier de ce programme …

Je devais avoir 25H de cours par semaine, il y avait des travaux à rendre, des partiels, des UE à valider, plutôt logique.

Sauf qu’entre la différence en terme de qualité de cours, l’absence de pression, la triche, les petits arrangements avec les profs, les « je devais rentrer dans mon pays » pour justifier les absences … on prend les cours un peu plus à la légère.

J’ai quand même pas mal bossé, réussi mes partiels et donc validé mon Master 1, mais une réflexion plus profonde est arrivée.

Et si les cours à la fac étaient inutiles ? Et si on pouvait obtenir notre éducation autrement ? Et si on pouvait acquérir des compétences par nous-mêmes ?

Je pense qu’il existe un problème profond au niveau de l’éducation en France et une inadéquation énorme entre ce que nous en enseigne et la réalité professionnelle.

Du coup je n’ai pas continué en Master 2 à la suite d’Erasmus et je suis parti faire des petits boulots au Canada. Et si c’était à refaire, aujourd’hui, 6 ans après, je referais pareil !

fiesta erasmus

10) J’ai appris à boire en grande quantité !

Je ne pouvais pas parler d’Erasmus sans parler d’alcool !

Je termine ici sur une note plus légère, mais qui a tout de même son importance, notamment lors d’un séjour Erasmus.

Si vous avez fait Erasmus, vous savez de quoi je parle. Pour les autres je veux bien vous faire un petit dessin, surtout si ça peut inciter certains à partir.

Lors d’un séjour Erasmus, nous mettons des étudiants (50, 100, 200 …) de toute l’Europe dans un même endroit, pour une durée limitée. Et à cet âge-là, on a plus la tête à s’amuser qu’à étudier, c’est donc soirées étudiantes tous les jours.

Je me souviens que je ne sortais pas le dimanche et le lundi, pour tous les jours de la semaine il y avait toujours une soirée, ce bar tel jour, cette boîte l’autre jour … Et avec le prix de l’alcool en Slovaquie, on va dire que c’était incitatif pour faire la fête.

Après chacun fait ce qu’il veut, il y avait d’ailleurs quelques étudiants qui ne faisaient quasiment jamais la fête. Après la limite entre l’amusement et l’abus est différente pour tout le monde, mais sachez que cela fait partie intégrante de la culture Erasmus.

Pour avoir pas mal discuté avec d’autres personnes qui ont fait Erasmus dans d’autres pays, c’est plus ou moins la même histoire partout … :)

Le mot de la fin

Au final, ce séjour Erasmus en Slovaquie m’a littéralement transformé. J’ai l’impression d’avoir découvert plus de choses sur le monde et sur moi-même en 5 mois que c’est 4 dernières années à l’université.

Et pour avoir rencontré beaucoup de personnes qui ont fait Erasmus je peux vous affirmer que 90% des étudiants qui partent à l’étranger ont vécu une expérience similaire.

Une expérience qui m’a tellement transformé que j’ai décidé d’arrêter mes études pour aller parcourir le monde, en commençant par le Canada.

Si vous ne devez retenir qu’une information de cet article :

« Partez étudier à l’étranger ! »

– Michael

Crédit photo : http://www.flickr.com/photos/stefan-w/3589364027

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Michael

Auteur et Entrepreneur nomade, Michael est le créateur de Traverser La Frontière. Passionné de voyage, il a créé ce site pour aider et inspirer tous ceux qui ont envie de voyager, partir vivre à l'étranger et changer leur vie.

2 commentairesLaisser un commentaire

  • Et oui la vie à Bratislava est extra ordinaire! Je m’en suis rendu compte lors de 2 mois de voyage en twingo à travers l’Europe. Et j’ai décidé d’y vivre à partir de 2009 pendant 2 ans. J’ai loué un appart meublé à Kramare et j’ai essayé de vivre en tradant en Bourse. Mais la crise est passée par là…Ca a été les 2 meilleures années de ma vie, grâce au groupe couch surfing, très actif et qui m’a permis de pouvoir sortir avec des slovaques et des jeunes du monde entier. Il n’y avait pas un jour sans « CS event »…

    Les discothèque c’est gratuit et ça pointe pas! Les filles sont open contrairement à Marseille où il ne faut même pas les regarder, encore moins essayer de danser avec elles.

    Les alentours de BA à vélo, parsemés de lacs secrets et affluents du Danube, la réserve ornithologique WWF à 20 km sur la Morava, le ZOO de BA où je rentrais sans payer en escaladant le mur…cette ville les Slovaques s’en plaignent et s’y ennuient.

    Mais ils n’ont jamais vu Marseille où il ne se passe rien. Et où tout est cher et mal famé.

    Pour moi c’est une capitale sans banlieue, à taille humaine. Mais ça s’est très vite développer et en 5 ans l’accueil n’était plus comme en 2005 où les filles chassaient les français qui étaient un gibier rare et convoités. Depuis l’installation de Peugeot à Trnava et Ryannair, l’ouverture des frontières EU, les touristes ont débarqués. Ils ont banalisés l’occidental. Reste la Moldavie, Biélorussie ?

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