Le 20 mai 2015, je quitte Bogota pour rejoindre Quito, la capitale de l’Équateur.
Au moment de lui dire au revoir à l’aéroport, j’ai le coeur lourd. Ce n’est pas seulement un pays que je quitte. Je quitte aussi cette fille. Cette fille au sourire éblouissant et sa bonne humeur contagieuse qui restera gravée dans ma mémoire.
Les larmes ne sont pas loin, mais je sais que je dois continuer ma route, que je dois poursuivre mon aventure. Mon tour du monde ne peut pas s’arrêter ici, cela serait trop bête. Partir était le bon choix, pensais-je à ce moment.
De Bogota à Quito.
De la Colombie à l’Équateur.
De l’allégresse à la mélancolie.
Un départ vague à l’âme
Lorsque j’arrive au poste frontière à l’aéroport de Bogota, la dame de l’immigration regarde attentivement mon passeport et remarque que j’ai renouvelé mon visa de touriste à Barranquilla. S’en suit une discussion à dormir debout !
Elle : Vous avez passé du temps sur la côte ?
Moi : Oui, plus de 3 mois
Elle : Vous vous êtes bien amusé ?
Moi : Écoutez oui, j’ai beaucoup aimé la Colombie et les gens sont vraiment sympas sur la côte
Elle : Tu as eu quelques copines ?
Moi : Euuuuuh, quelques-unes oui … (avec un sourire gêné)
Elle : Ah c’est bien que vous profitiez de la Colombie. Revenez vite nous voir.
Moi : Merci, bonne journée
C’est la première fois de ma vie que j’ai rencontré un agent d’immigration aussi sympa et je trouve qu’elle résume bien l’expérience que j’ai eue avec le peuple colombien. Accueillant, souriant, sympa, curieux et toujours un peu taquin.
Au moment de rejoindre ma porte d’embarquement, je me dis alors que ce pays va vraiment me manquer. La Colombie fut mon premier pays d’Amérique du Sud, il m’a complètement déboussolé et charmé à la fois. Comme si j’avais découvert un monde parallèle à celui que je connaissais. Vous retrouverez les détails de mon voyage en Colombie ici.
Lorsque l’avion décolle enfin, j’aperçois l’énorme ville de Bogota s’éloigner. Seul au monde, en direction d’un nouveau pays où je ne connaissais personne, je me demande si je ne suis pas en train de faire une terrible erreur…
Une cure pas très efficace
L’Équateur était pour moi synonyme des iles Galapagos. J’avais ce rêve d’y explorer les fonds marins et j’ai fait de cette destination une étape incontournable sur mon billet tour du monde.
Après quelques jours gris et déprimant à Quito, capitale gigantesque de l’Équateur perchée à 2800m au milieu des montagnes andines, je suis impatient de retourner à l’aéroport. Je dois y prendre l’avion en direction des Galapagos, archipel d’iles situé à près de 1000 km des cotes équatoriennes.
Trois heures d’avion suffisent pour rejoindre la petite ile déserte de Baltra et son aéroport qui accueille des centaines de voyageurs chaque jour.
Je sens tout de suite que tout est différent : la température plus clémente, mes narines grandes ouvertes aspirent un air pur qui réveille mon corps et j’ai cette sensation irrésistible d’être perdu au milieu de nulle part.
Ces douze jours aux Galapagos furent comme un shot d’adrénaline. Douze jours où mon corps et mon cerveau furent en ébullition constante. Plongée avec des requins, randonnées sur des territoires vierges, rencontres avec de lions de mer bien curieux, visites de musées étonnants ou encore séances de snorkeling ont rythmées mes journées.
Tout était nouveau, j’étais dans une sorte de bulle à l’autre bout du monde et dans un décor surréel. J’en oubliais presque la Colombie …
Errance au paradis
La réalité me rattrape quand je monte dans cet avion, de retour vers Quito. Comme un signe, je n’arrive pas à m’enregistrer à l’aéroport, au comptoir l’employé de la compagnie LAN ne trouve pas mon billet et mon dossier. Comme si je devais rester plus longtemps sur ces iles. Comme si je devais rester dans cette bulle.
Après plus d’une demi-heure de discussions, d’allers-retours et d’une angoisse qui monte minute après minute dans mon esprit, j’ai enfin ma carte d’embarquement entre mes mains. S’en suit 3H d’avion, 1H30 de bus, 1H de taxi (oui oui), puis 8H dans un bus de nuit en direction de Canoa, un village de surfeur sur la côte équatorienne.
À partir de là, tout est différent. Je suis tout seul, sans aventures trépidantes pour m’occuper l’esprit, je me replonge dans le passé et me demande ce que je fais ici, loin de tout. Tous les jours vers 17H, je vais admirer le magnifique coucher de soleil, habituellement un moment de joie, c’est de la mélancolie que je ressens.
Je la sens monter en moi jour après jour …
La première déprime de mon tour du monde.
Après 7 mois de voyage, je me rends compte que je n’ai pas envie d’être là, que je ne suis pas heureux et j’ai l’impression que ma vie n’a pas de sens. Je pensais être si fort, presque invincible émotionnellement après tous ces voyages. La réalité est venue frappée à la porte, je ne suis qu’un humain, avec ses faiblesses, comme tout le monde.
Pourtant je suis dans un petit paradis : plage magnifique, temps parfait, une guesthouse charmante, des restaurants pas chers, des gens sympa et un bon spot pour surfer. Mais je n’arrive pas à voir le positif et je broie du noir. Même lors de mes séances de surf censées me faire tout oublier, dans ma tête je n’ai qu’une image. Son image. Son sourire.
Un choix à faire
Au bout de quelques semaines à Canoa, je savais qu’il fallait faire un choix. Il fallait que je sorte de cette léthargie. De cet endroit qui me rend plus misérable qu’autre chose. Je voyage pour être heureux, pas l’inverse.
Mes choix étaient simples : visiter le reste de l’Équateur, descendre vers le Pérou ou remonter en Colombie. À ce moment, j’ai choisi de suivre mes émotions et non ma logique … J’ai acheté un billet d’avion pour retourner vers le nord. Pour la première fois, j’ai décidé de faire marche arrière.
Je pars donc à l’exploration de la côte en passant par Puerto Cayo, Puerto Lopez ou Montanita en attendant la date de départ dans deux semaines. Tous ces endroits furent sympas, mais sans plus. Je me rends compte que je n’accroche pas vraiment avec les Équatoriens et la chaleur des Colombiens me manque. Ou peut-être que mon attitude était différente, moins ouverte vers les autres …
Après avoir observé les baleines au large de Puerto Lopez pour mon dernier jour en Équateur s’ensuit un long voyage…
Bus de nuit pour Quito, vol pour Bogota, correspondance pour Carthagène avant l’ultime minibus pour rejoindre Barranquilla sur la côte caribéenne.
En sortant de l’aéroport de Carthagène, je reconnais tout de suite cette chaleur tropicale qui me tombe dessus. Ne sachant pas trop comment prendre un taxi, je croise à ce moment le regard de Luisa, une jeune colombienne qui était ma voisine de siège dans l’avion. Voyant mon désarroi, elle vient vers moi pour discuter et m’aider.
Au bout de deux minutes, elle me dit :
« Si tu veux, tu peux dormir chez moi ce soir, je vis chez mes parents et nous avons une chambre d’ami. En plus ça, ma mère va préparer mon repas préféré ce soir, tu verras c’est délicieux. »
Elle avait l’air sérieuse, honnête et m’a démontré cette chaleur colombienne qui m’a tant manqué, à peine débarqué de l’avion !
Je lui ai tout simplement répondu :
« Désolé, je ne peux pas accepter ton invitation, je dois absolument aller à Barranquilla ce soir. Je viens de voyager deux jours pour rejoindre une fille vraiment spéciale. »
Avec mes yeux brillants comme jamais, elle avait compris.
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– Michael